La vielle des gas du Berry,
âme des danses folkloriques
L'atelier de lutherie de Jean-Claude Boudet Après le souper, on fit venir les ménétriers et on dansa dans la cour. Le son de la cornemuse uni à celui de la vielle écorche un peu les oreilles de près, mais de loin, cette voix rustique qui chante parfois de si gracieux motifs rendus plus originaux par une harmonie barbare, a un charme qui pénètre les âmes simples et qui fait battre le cœur à quiconque en a été bercé dans les beaux jours de son enfance. Cette forte vibration de la musette, quoique rauque et nasillarde, ce grincement aigu et ce staccato nerveux de la vielle sont faits l’un pour l’autre et se corrigent mutuellement. L’éloignement leur donne plus de charme et vous entraîne dans le rêve d’une vie pastorale ». Ces lignes de George Sand, dans « Le meunier d’Angibault », résument parfaitement l’harmonie et la beauté de la musique que l’on peut extraire de cet instrument séculaire dont l’apparition remonte au Moyen Age. A l’origine instrument religieux, puis instrument de Cour, pour qui Bâton et Vivaldi ont écrit des pages, la vielle fut ensuite supplantée par le piano-forte et son usage fut réservé aux mendiants. A la fin du 17e siècle, un luthier de Versailles eut l’idée de monter des mécanismes de vielle sur des corps de guitare et de luth, donnant ainsi aux instruments des sons plus doux et plus forts. La Révolution provoqua un second changement et l’instrument revint dans le domaine des instruments régionaux et populaires.Au 19e siècle, la vielle tomba en désuétude avant que le Berry, en quête d’identité, ne s’en empare, avec la cornemuse, pour en faire son emblème. La Société Les Gâs du Berry solidifia cette réputation, faisant de ces 2 instruments la base de toutes danses du terroir, mouvement accentué au 20e siècle par la création du mouvement « folk » et des danses folkloriques.Jean-Claude Boudet et Fils, luthiers à Jenzat, dans l’Allier, nous entraînent dans leur atelier et nous expliquent les différentes phases de la fabrication d’une vielle et des 3 parties qui la composent : la table d’harmonie, le fond et les éclisses, ces pièces essentielles qui assurent la liaison entre la table d’harmonie et l’assemblage des côtés où alternent si joliment bois clairs et bois foncés.N’hésitez pas à visiter l’atelier de Jean-Claude Boudet, et ne manquez pas non plus tout spectacle de danses folkloriques rythmées par cet instrument à l’ « harmonie barbare »
Reportage Outback Images : Photos Alain Gaymard - Texte Alain Gaymard