Menace sur la lavande
Et si la Provence venait à perdre la lavande ?
La plante est en effet menacée par le changement climatique ainsi qu’un insecte minuscule. Avec l’aide de la Fondation L’Occitane, un organisme scientifique de Manosque cherche les parades. La lavande est en péril. Le bleu des paysages risque de disparaître de la palette des couleurs provençales. Toute une économie locale est menacée. En effet, si jusqu’en 2005 la culture de la lavande a bénéficié d’une augmentation régulière des surfaces cultivées, la dégringolade qui a suivi a douché le moral des producteurs : en quelques six années les surfaces ont diminué de moitié, et la production de certains exploitants a chuté de plusieurs tonnes à quelques centaines de kilos. Les phénomènes récurrents de sécheresse de ces dernières années expliquent en partie la raréfaction de la lavande en Provence. Des prédictions scientifiques réalisées à 20 ou 30 ans tablent sur un déplacement des zones de culture plus au nord, essentiellement à cause des bouleversements climatiques. Mais la menace la plus immédiate est sans doute une sorte de cigale miniature et apparemment inoffensive, la cicadelle. Ses larves raffolent des racines de la plante tandis que les adultes jettent leur dévolu sur le feuillage. Cet appétit vorace n’est pas le pire des fléaux. La cicadelle est vectrice d’une micro-bactérie qui obstrue les canaux dans lesquels circule la sève, causant le dépérissement inéluctable de la plante. A Manosque, le Centre régionalisé interprofessionnel d’expérimentation en plantes à parfum, aromatiques et médicinales (Crieppam) s’est engagé dans une course contre la montre. Outre la recherche de variétés plus résistantes, le Crieppam teste depuis deux ans l’usage de la kaolinite, une poudre blanche qui pulvérisée sur le végétal, crée une sorte d’écran, rendant la lavande moins appétissante pour le minuscule prédateur. Les essais conduits depuis deux ans semblent concluants. Via sa Fondation, l’Occitanie a décidé de soutenir financièrement l’action du Crieppam, un engagement qu’Olivier Baussan, fondateur de la marque, reprend également à son compte personnel en s’impliquant dans la recherche d’autres financements. Il rencontre pour cela les entreprises des secteurs de la parfumerie, de la cosmétique et du tourisme. Une mobilisation nécessaire pour sauver durablement la lavande de Provence.
Reportage Outback Images - Texte Jean-Dominique Dalloz, photos José Nicolas
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