Saveurs de chocolat ...
un langage universel
Originaire d’Europe centrale, cette boisson sacrée qu’est le chocolat permettait, dit-on, d’entrer en communication avec les dieux, et c’est indubitablement à l’égal d’un trésor que les conquistadores espagnols se l’approprièrent et le ramenèrent en Europe. Introduit en France en 1619, son succès fut immédiat. Anne d’Autriche, épouse de Louis XIV, adorait le chocolat chaud… tout comme Mme de Pompadour, maîtresse du roi, qui encouragea son royal amant à consommer ce Stimulant de Vénus ! Quant à Napoléon, il passait, dit-on, ses nominations dans des boîtes de chocolat. Produit industrialisé depuis la fin du XIXe siècle, le chocolat est aujourd’hui incontournable et la ménagère n’a que le choix entre les présentations du commerce, aussi diverses que variées. Le gourmet, quant à lui, s’adressera aux œuvres d’un maître chocolatier. Mondialement reconnu, le chocolatier embrunais Luc Eyriey apprivoise les grands crus du chocolat. Un peu magicien, un brin chimiste, un tantinet artiste, le maître enchante les sens de ses associations exquises. Bienvenue dans l’univers à la fois naïf et sophistiqué d’un « minot » devenu charmeur de papilles. Les Eyriey régalent les Embrunais depuis 1902, année de la création de la boutique haut-alpine, devenue depuis un passage incontournable de la place Barthelon, et ce grâce sans doute aux prestigieux artisans qui s’y sont succédés depuis son arrière-grand-père. Son père, passé par l’Ecole des Confiseurs de Bâle (« la meilleure au monde », assure Luc) l’initie très tôt à l’excellence. « Il m’imposait de ne jamais faire 2 fois la même chose, un exercice exigeant… ». Leçon bien comprise puisque Luc est devenu depuis un maître-chocolatier internationalement reconnu, officiant en Corée, à Singapour, au Japon où ses pièces en chocolat sont exposées au Musée de Tokyo. Mais tous ces succès ne l’empêchent pas de saluer par leur nom ses fidèles clients. « Je suis resté un minot, confie-t’il, je m’émerveille de tout. Aller dans tous ces pays, pour un pâtissier d’Embrun… je ne m’en lasse pas ». Quelque 150 créations sont nées de l’esprit en permanente ébullition du chocolatier, comme la ganache au citron du « Limoncello », le « Marie-Claire », une ganache lactée de Madagascar aux accords de mandarine et de thym, « Les Baux », ganache noire des Caraïbes relevée de lavande et de pâte d’abricot, le « Xocopili », petites billes de chocolat noir relevé de piments et d’épices… Dans l’écrin de sa boutique, même les emballages se font bijoux. Et quand Noël arrive, le « minot » transfigure le chocolat qui devient sapin à spirales, cerf, biche, bûches multicolores, et tout un peuple de lutins, dragons, fées s’agitent derrière la vitrine. Irrésistible !
Reportage Outback Images - Texte Corinne Bruno et Jean-Claude Chantelat, photos Bertrand Bodin