Ce diable de Coucou ! ...
le grand escogriffe
Dès les premiers beaux jours du printemps, le coucou gris est de retour aux lisières de nos forêts. Discret et farouche, il passerait inaperçu s’il n’était son chant sonore et lancinant. Cet oiseau aux mœurs parasite a su développer d’ingénieux stratagèmes pour faire élever sa progéniture par de minuscules passereaux. La femelle coucou attend son heure, cachée dans l'épaisse végétation de la roselière. Elle a jeté son dévolu sur un nid de rousserolles effarvattes. Le couple de passereaux quitte sa base en poussant des "cra-cra", à la recherche de quelque insecte des marais. Erreur fatale ! Il ne faudra pas plus d’une poigné de secondes au coucou pour pondre dans la petite corbeille élevée à fleur d'eau. L'imposteur en profite pour emporter avec lui l'un des quatre œufs de la couvée. Échange standard, en quelque sorte. Pourtant, le crime n'est pas parfait. L'œuf étranger est plus clair et plus volumineux que les autres. Tant mieux ! Plus l'œuf est gros, plus il plaît à une mère ! Afin que l'objet du délit garde tout de même un volume raisonnable, le coucou pond un œuf qui ne pèse que 2% de son poids, contre 12% chez les passereaux. L'habile arnaqueur, qui ne laisse décidément rien au hasard, adapte la taille de son œuf à celle de son hôte. Il sera plus petit dans un nid de rougegorge que dans celui d'une pie-grièche grise…
Reportage Outback Images - Texte Vincent Labbé, photos Jean-François Arcanger, Jean-Claude Chantelat, Martial Colas