Peintures abstraites d’un artiste de génie, caprices du vent, de l’eau ou de la lumière, la nature offre à qui sait la voir et la déchiffrer, en un kaléidoscope de formes et de couleurs, des tableaux que l’imaginaire interprète et décline en autant d’images que notre esprit, ou notre imagination, peut concevoir. Des images toujours changeantes, parfois bien difficiles à capter tant elles sont fugaces.
Ici, les éléments qui obsèdent le photographe et nourrissent son imagination sont la lumière, la ligne et la matière qu’il tente de réunir sur un même cliché. Lors d’une encontre avec un élément, qu’il va nommer génériquement « matière », s’établit un rapport, une relation d’une certaine durée mais dont la photo ne retiendra qu’une infime partie. Saisir, voilà bien le problème qui se pose à l’artiste.
Il faut une certaine dose de prétention pour assurer saisir le rapport à la réalité des choses tant l’esprit humain est essentiellement mal formé pour le traduire. Dans la complexité de ces images, on ne peut observer qu’un rapport à la fois, et comme bien souvent ces multiples éléments changent et bougent, il est difficile d’en saisir une infime partie qui puisse résumer un milieu, une ambiance.
Cette matière peut être immense, comme certains nuages, ou microscopiques tel un morceau de galet. Au gré des images, laissez-vous séduire par cegivrequi habille une feuille de molène ou lefeuillage d’un hêtre dénudé par l’hiver, cesbactériesqui transforment unefeuille morteen une précieuse dentelle finement travaillée, ici uneroche érodéepar l’eau vive d’un torrent qui y a creusé son lit, là le gel qui transforme en pelotes d’épingles quelque objet banal et qui retourne, telle Cendrillon aux douze coups de minuit, à sa banalité aux premiers rayons du soleil.