La tournée des ducs ....ou les seigneurs de la nuit
Dans la famille des ducs, il y a le grand, le moyen et le petit. Ces trois espèces de hibou, munies d’aigrettes saillantes à la différence des chouettes, ont en commun de faire régner la terreur à la nuit tombée.Sans oublier le hibou des marais qui, lui, ne porte pas d’aigrettes apparentes.Pour les lapins, écureuils et grenouilles dispersés sur leur territoire, il faudra tâcher d’éviter leurs becs crochus et leurs griffes acérées. Les cris, miaulements et appels parfois inquiétants de ces seigneurs nocturnes se sont raréfiés ces dernières décennies, dégradation de l’environnement oblige. Dans le causse du Lot, un hibou grand-duc d’Europe glisse d’un vol feutré dans la nuit. Le plus grand rapace nocturne du continent (70 cm de haut et 1,80 m d’envergure) se perche sur un chêne pour becqueter un hérisson fraîchement tué. Cet « aristocrate » aviaire est un régulateur majeur de la faune. Il s’en prend même à sa cousine l’effraie des clochers…Il constitue à l’occasion un excellent auxilliaire pour le chasseur autoursier. Son cadet, le hibou moyen-duc, se contente de campagnols, moineaux et autres coléoptères dont il rejette les parties non assimilables sous forme de pelote. Lorsqu’il se sent en danger, dérangé dans son vieux nid abandonné par un écureuil ou une corneille, il « fronce les sourcils » (en fait, il dresse ses aigrettes), souffle et claque du bec. Le benjamin de la famille, le petit-duc scops, est le plus petit hibou d’Europe. Il hiverne en Afrique tropicale et en été il répète son unique note, « hou », monotone et plaintive, qui berce les villages endormis. Ces quatre rapaces, longtemps persécutés par l’homme (fusil, piège, poison), sont aujourd’hui davantage menacés par la fragmentation de leur habitat, les pesticides et la pollution lumineuse (phares des voitures et éclairages nocturnes qui les éblouissent).
Reportage Outback Images - Texte Vincent Labbé, photos Clément Caiveau, Jean-Claude Chantelat, Martial Colas, Roger Morin, Thierry Vezon