Pêche du thon rouge en Méditerranée,
LA « TONNARA »,
UNE PRATIQUE MILLENAIRE
Reportage en Sicile à la rencontre de pêcheurs adeptes d’une pratique millénaire et artisanale : la « Tonnara ». Impressionnante, cette capture du thon rouge est un exemple de pêche raisonnée, puisque seuls les plus gros poissons sont attrapés. Mais à l’heure où cette espèce est fortement menacée par les thoniers industriels, comment ces hommes vivent-ils la crise ? Leur point de vue nous éclaire sur la réalité du commerce ainsi que l’avenir de ce poisson emblématique de la méditerranée.
Aristote décrivait déjà de la pêche au thon rouge voilà plus de 2000 ans. Aujourd’hui, les pêcheurs Siciliens perpétuent cette pratique décrite par le philosophe antique : c’est la « Tonnara », ou pêche à la madrague. Elle a lieu lorsque le thon rouge de l’Atlantique pénètre en Méditerranée au printemps pour se reproduire dans ses eaux plus chaudes, en suivant les côtes Italiennes. La madrague ? Il s’agit d’une immense « boîte » immergée dans l’eau et constituée de cages dont la principale porte le funeste nom de « chambre de la mort ». Ces dernières sont reliées à la côte par de très longs filets verticaux qui permettent de guider les thons nageant près des rives vers le piège. Là, les pêcheurs encerclent la madrague de leur embarcations et prélèvent les thons en tirant sur des filets pour les amener en surface puis les extirpent avec un bâton muni d’un croc : c’est la « Matanza », ou l’abattage des poissons.
La scène est spectaculaire. Des dizaines de gaillards amassés au bord des embarcations se livrent alors à un terrible corps à corps avec la nature, une véritable épreuve physique compte tenu de la taille et du poids des bêtes qu’ils doivent soulever et ramener dans le bateau. Un cérémonial certes mortuaire, mais qui reste respectueux du thon rouge, car les pêcheurs prennent soin de relâcher leurs plus jeunes captures pour assurer le renouvellement des générations. Une pratique artisanale qui reste donc bien éloignée de l’activité destructrice des thoniers industriels, dans un contexte de raréfaction dramatique de l’espèce.
(Documentation Internet)
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Reportage Outback Images – Photos Bruno Berthémy