Pêche à pied et pêcheries

… ou le plaisir des grandes marées

La pêche à pied sur les côtes du département de la Manche et en baie du Mont Saint-Michel est une de ces traditions, plus que millénaire, qui perdure et enchante tout un chacun lors des coefficients de grande marée. A pied, en bateau, en tracteur, ils sont des milliers à profiter alors des produits que la mer découvre, coques et palourdes, étrilles et tourteaux, et, qui sait, le homard de leurs rêves.

En Europe, l’homme a très tôt utilisé ces barrages à poissons que sont les pêcheries. Dans le Cotentin, les chercheurs estiment que leur nombre atteignait quatre cents, leur création remontant au Moyen-Age. L’interdiction alors de manger de la viande pratiquement 1 jour sur 2 favorisa en effet le développement de ces pêcheries, de même que d’autres types de pièges, les tésures. A partir du XVIe siècle, les rivages marins devinrent domaine de la royauté et, progressivement, des règles furent établies pour leur utilisation; leur usage professionnel fut constant jusqu’à la fin du siècle dernier. Aujourd’hui, l’intérêt patrimonial, la valorisation touristique et l’énergie de quelques passionnés maintiennent les dernières installations en état ; car ces immenses V pouvant mesurer 250 m de côté, faits de pierres et de bois, nécessitent un entretien régulier.

La pêche à pied peut aussi se contenter d’outils plus modestes; grattoirs et bichettes, bêches ou râteaux, fourches ou racloirs… permettent aux pêcheurs occasionnels de trouver pitance dans les limites autorisées. Les jours de grande marée, l’estran s’agite alors comme une fourmilière. « Aller à la marée » reste une activité très prisée ; on y vient des villages voisins mais aussi d’autres départements, entre copains ou en famille. Les plus chanceux trouvent place sur un bateau en partance pour les îles Chausey ; les autres gratteront l’éternel même mètre carré de sable, histoire de prendre l’air.

En Cotentin, la pêche à pied, inscrite dans les gênes, est loin de disparaître. Alors, invitez-vous… !

Reportage Outback Images : Texte et photos Patrick Courault et (selon choix)