Ces oiseaux qui nous en font voir de toutes les couleurs!
La couleur des oiseaux Les oiseaux se répartissent en deux grandes catégories : ceux qui cherchent à éblouir par de riches parures mises en valeur à l’occasion des parades nuptiales ou de la défense territoriale ; et ceux qui misent sur une livrée se fondant dans le décor pour optimiser leur sécurité. La couleur des plumes a des origines pigmentaires (liées à la biochimie) ou découle de phénomènes optiques (en rapport avec les lois de la physique) Dans nos régions tempérées, à quelques exceptions près, le plumage des oiseaux ne fait pas dans la démesure ; alors que sous les tropiques, une débauche inouïe de couleurs transforme de nombreuses familles aviaires en purs joyaux. Les ressources alimentaires de la zone intertropicale étant riches et diversifiées, son avifaune s’offre le luxe d’investir une partie de ses dépenses énergétiques dans une palette chromatique quasiment infinie. Ainsi le paon des jungles asiatiques, avec la constellation d’ocelles irisés de sa traîne, fait-il la nique à la modeste fauvette de nos bosquets, en habit quasi monacal ! Les couleurs pigmentaires des oiseaux sont issues de leur organisme : les mélanines, qu’ils sont capables de synthétiser par eux-mêmes, déclinent la gamme des noirs, des beiges et des gris ; les caroténoïdes fournissent le rouge, le jaune et leurs dérivés via l’ingestion d’aliments qui en contiennent, car les oiseaux ne sont pas aptes à les fabriquer. Ainsi le flamant doit-il la couleur mythique de son plumage à de minuscules crevettes gavées d’algues unicellulaires dans les tons rosés ! Parce que les pigments ne couvrent pas l’ensemble des couleurs du spectre, les oiseaux recourent à des subterfuges pour compléter leurs parures : la coloration dite structurale de certaines espèces est redevable aux propriétés optiques de microparticules de leurs plumes qui captent la lumière en vertu de phénomènes d’interférence et d’indices de diffraction, de réfraction ou de réflexion. Dans l’ombre, un oiseau-mouche paraît brun, sans éclat ; au soleil, il s’illumine de couleurs métallisées qui varient en tonalité selon l’angle d’éclairage. Le bleu surréel du magnifique ara hyacinthe est la synthèse harmonieuse de sécrétions pigmentaires et de couleurs structurales. Pour se pavaner ou pour faire corps avec leur milieu, les oiseaux ont emprunté toutes les voies possibles depuis que leurs ancêtres dinosauriens se couvrirent de plumes.
Reportage Outback Images - Texte Yves Thonnérieux, photos selon choix