Vendanges en Polynésie…
LE VIN DU LAGON
Quel viticulteur français, métropolitain, n’a pas rêvé de faire 2, voire 3, vendanges par an ? Et qui pouvait imaginer que sur l’atoll de Rangiroa, dans l’archipel des Tuamotu, à 350 km de Papeete, dans les conditions extrêmes rencontrées sous les tropiques, on parviendrait à produire du vin ? Impossible ? Et bien non. Dominique Auroy, entrepreneur français installé à Tahiti, a réalisé cette gageure. Née en 1992 à la suite d’un entretien avec Bernard Hubelot, vigneron et professeur de viticulture à l’Université de la vigne et du vin à Dijon, l’idée fait son chemin, basée sur un principe simple : il est possible de maîtriser en laboratoire le cycle végétatif de la vigne, découverte certes inutile sous les latitudes de la métropole – ou la pousse du vignoble est régie par les saisons-, mais qui peut présenter un intérêt certain dans les zones tropicales. 15 jours plus tard, Dominique Auroy retourne en Polynésie avec des boutures de 40 cépages différents. Tatonnements sur les cépages adaptés au climat, aux terrains et à un sol convenable, à l’eau et à un ensoleillement adéquat, hésitations dans le choix entre les îles de la Société ou les terres de l’archipel des Tuamotu,… 6 ans plus tard, en 1998, c’est finalement l’atoll de Rangiroa qui est choisi comme site du vignoble. Des 40 plants initialement testés, 3 seulement donnent des résultats concluants : l’italia (cépage blanc), le carignan (cépage rouge, aux caractéristiques et saveurs étonnantes sous ces latitudes) et le muscat de Hambourg (rosé), les autres cépages de renommée internationale - cabernet, merlot, syrah, pinot, chardonnay-étant abandonnés, incapables de s’adapter. C’est ainsi qu’à Rangiroa les vendanges ont lieu 2 fois l’an. Conservé 1 an en fût de chêne du Limousin placés en ambiance climatisée avant la mise en bouteille et la commercialisation, le vin du lagon a été très vite apprécié des tables polynésiennes. Il lui reste à conquérir le monde.
Reportage Outback Images - Photos Ingrid Hoffmann