Home / Reportages / Environnement et écologie / La pierre à aiguiser de Saurat, l’or gris des Pyrénées ariégeoises 82La pierre à aiguiser de Saurat, l’or gris des Pyrénées ariégeoises
Au pied des Pyrénées ariégeoises, dans la vallée de Saurat, la dernière fabrique de pierres à aiguiser naturelles fait de la résistance. Au son de la berceuse et du tour à meuler, la pierre polie issue du grès schisteux de la montagne atteindra cette finesse de grain incomparable pour un aiguisage rationnel et parfait.
L’histoire dit qu’un colporteur italien de passage dans la région pour vendre ses pierres à aiguiser, dites « pierres lombardes », remarqua sur les toits des habitations ce grès schisteux identique à celui qui lui servait dans son pays à réaliser sa précieuse marchandise. A la fin du 19e siècle, une importante communauté italienne s’installe peu à peu dans la vallée, parmi lesquelles la famille Cuminetti, en 1903, qui pendant trois générations réalisera à Saurat des pierres à aiguiser. Alain Saucille reprend l’affaire en 2007, un pas tout naturel pour ce natif de Thiers, la capitale des coureaux, et continue la production avec deux ouvriers spécialisés. Deux types de pierres sont utilisés : la pierre dure extraite du filon souterrain, idéale pour les pierres à faux et les affûtages intensifs, et la pierre douce exploitée à ciel ouvert, à l’aspect grainé, destinée aux pierres à sécateurs et pierres à angle destinées aux professionnels, menuisiers et couteliers… La pierre est taillée mécaniquement à l’aide de disques « diamants » et du « tranchet », marteau spécial qui ne la fait pas éclater ; elle passe ensuite aux disques à tronçonner, meules… La « berceuse », sorte de bac rempli de pierres et d’eau, fait des allers-retours continuels, assure le polissage ; c’est un peu le principe du tonneau de polissage, les pierres se polissant entre elles. La force motrice utilisée provient de la chute d’eau du ruisseau voisin. Au fil du temps, les pierres à aiguiser ont été adaptées à de nouveaux usages, pierres à couteaux, à faux, pour outils à bois et même des limes à ongles. Bien que le marché soit envahi par des pierres synthétiques, à base de corindon notamment, provenant d’Asie du Sud-Ouest et fabriquées à partir d’abrasifs et de liants très agressifs qui usent prématurément le métal, Alain Saucille reste confiant et compte bien se développer à l’export. La dernière fabrique de pierres à aiguiser est ariégeoise et elle est bien décidée à poursuivre son activité et faire connaître la qualité de ses produits dans le monde entier.
Reportage Outback Images : Texte Outback Images, photos Alain Baschenis ![]()
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