Comment découvrir le fond de l'océan

au sommet des montagnes !

Voici 300 millions d'années, alors que toutes les terres émergées forment un continent unique, celui-ci prépare sa fragmentation. Ainsi l'est de ce supercontinent subit un véritable mouvement d'accordéon qui conduira à la naissance, puis à la mort, d'un océan dont on retrouve la trace sur les sommets de quelques massifs alpins.

Pendant une phase d'étirement qui débute il y a 200 millions d'années, deux morceaux de continent s'éloignent l'un de l'autre, permettant ainsi la formation d'un nouvel océan dont le fond contient les roches typiques des planchers océaniques en expansion, où se déposent des sédiments et des carapaces d'animaux marins. Commence alors une phase de raccourcissement (vers -100 m.a.), de collision continentale (-65 m.a.) qui aboutit à la disparition de l'océan, puis à la formation des Alpes qui débute il y a 40 millions d'années et se poursuit de nos jours. Des masses rocheuses sont déplacées ; d'autres subissent des pressions et des températures énormes qui les déforment, les transforment, les érigent. Des fonds marins qui se situaient à une profondeur de 3 km, se retrouvent ainsi 3 km au-dessus du niveau de la mer!

Ainsi peut-on retrouver aujourd’hui les étonnants témoins de ces mouvements tectoniques de l’histoire de notre planète, telle la vallée des Rimets, dans le Vercors, altitude 1 100 m, dont les fossiles proviennent d’une couche de sédiments épaisse de 2 km, les lacs de la Noire et du Col sud du Cristillan, dans la Haute Ubaye, altitudes respectives 2 887 m et 2 843 m, au cœur d'un affleurement de ces singulières roches vertes caractéristiques, les serpentinites, ou encore le massif du Chenaillet, dans le Briançonnais, altitude 2 650 m, avec ses ophiolites immaculées et ses laves en coussin typiques des volcans sous-marins.

A découvrir, ou redécouvrir, au cours de sympathiques randonnées où le plaisir de la découverte de l’histoire de notre Terre se joint au simple bonheur des ballades en montagne.

Reportage Outback Images : Texte Serge Soyez, photos Dominique Soyez