Ardelaine, pour un meilleur art de vivre

Restructurer la filière laine locale, de la tonte des moutons à la commercialisation des produits finis en utilisant des procédés respectueux de l’environnement et en recréant un bassin d’emploi, telles sont les valeurs porteuses de la coopérative Ardelaine. Découverte de cette entreprise innovante d'où sortent aujourd’hui oreillers garnis de laine, matelas et autres couettes issus des ressources locales.

Située en Ardèche, en contrebas du village de Saint-Pierreville, Ardelaine a tissé son histoire sur les vestiges de deux vieux moulins où les paysans apportaient, il y a un peu plus d’1 siècle, leur blé et leur laine à filer. Ces moulins fonctionnaient à la force hydraulique entraînant deux roues, l’une de 4 m de diamètre pour le moulin, l’autre de 6 m pour la filature ; leur activité cessa vers les années 70 et les moulins furent alors rachetés par une équipe de passionnés. Après 10 années de travaux, la coopérative Ardelaine voit le jour en 1982. Elle emploie aujourd’hui une cinquantaine de personnes et les éleveurs ardéchois qui, fut un temps, ne trouvaient plus d’acheteurs, fournissent aujourd’hui leur laine à la coopérative. Chaque printemps, les tondeurs Ardelaine sillonnent l’Ardèche, la Haute-Loire et l’Allier pour collecter la laine ; tous sont engagés dans une charte de qualité qui garantit l’absence de produits chimiques.

Arrivée à Saint-Pierreville, la laine est triée, lavée avant de passer au cardage afin de démêler les fibres. Les machines à carder et à filer sont des modèles centenaires remis en état sur place, ce qui a valu à Ardelaine le label Entreprise du Patrimoine vivant, EPV. Vient ensuite la fabrication du matelas. La laine cardée est répartie sur un coutil de coton ; un second coutil est posé dessus pour emprisonner la laine, soigneusement répartie par les mains de l’artisan, les bords sont maintenus par de grosses épingles. La finition commence par la couture des bords avec une machine spéciale, le façonnage de l’arête est fait manuellement. Il ne reste plus qu’à serrer les capitons pour maintenir cette forme parallélépipédique rectangle et mettre la touche finale avec des bouffettes en coton. Le procédé de fabrication est sensiblement le même pour confectionner couettes et oreillers ; la laine utilisée est cardée plus finement et le tissu de couverture est issu de l’agriculture biologique.

Situé juste en face des ateliers, le « Musée vivant de la laine et du mouton » propose une découverte qui retrace les différentes étapes de fabrication et d’utilisation de la laine à travers le monde : tonte, cardage, filage, tissage, tricotage, feutrage…

Reportage Outback Images : Texte et photos Paul-André Coumes