Home / Reportages / Pêche / Ces truites de l'ouverture 31Ces truites de l’ouverture
L’eau courre, vive et bouillonnante, là écrêtée d’écume sur une roche qui émerge du courant, ici se précipitant en une joyeuse cascade… En une mélopée venue du fond des temps, elle annonce l’arrivée prochaine du printemps. Pour le pêcheur de truites, c’est le jour J, le moment, tant attendu, de l’ouverture…
En cette période de la mi-mars, le temps est toujours très incertain ; les bourgeons des arbres pensent à éclore, des plaques de neige marbrent encore les pâturages et les fleurs pointent à peine dans l’herbe encore rase. Les eaux sont froides, ce qui offre peu d’aliments aux truites qui se nourrissent essentiellement d’alevins et d’insectes ; or les alevins se terrent tandis que les insectes attendent des températures plus clémentes pour apparaître. Se conformant à ce que lui dicte la nature, le pêcheur renonce alors à la mouche artificielle, sèche ou noyée, pour adopter le vairon manié, la cuiller ou le poisson-nageur, plus adaptés à la nourriture du moment. Peu de modes de pêche offrent un choix aussi vaste de leurres et nombre de pratiquants redeviennent des gosses face aux poissons-nageurs, à la nage scientifiquement étudié, qui tapissent murs et présentoirs des magasins spécialisés. Et il y a bien sûr le pêcheur au toc, technique fine et redoutablement efficace, difficile à maîtriser toutefois, mais qui fait le bonheur de certains aficionados. La truite (fario, la vraie, la truite sauvage) peuple les eaux vives, fraîches et exemptes de pollution. Toutes les régions n’offrent pas un large choix de rivières convenables ; on les trouve dans les zones de moyenne montagne, le Jura, le Massif central, les Alpes et les Pyrénées, mais aussi en Bretagne et en Normandie. Discrétion pour aborder l’eau (sans surtout y pénétrer), choix des techniques et des leurres ou appâts, lecture de la rivière, qualité essentielle pour détecter les bons postes… la réussite de la pêche dépend alors de son pratiquant. Mais qu’importe, le « bon » pêcheur ne va pas forcément au bord de l’eau pour prendre du poisson… même si les quelques captures qu’il rapportera seront appréciés le soir, en famille, simplement grillées dans la poêle avec une noisette de beurre, un peu d’ail et un brin de persil.
Reportage Outback Images : Texte Michel Winthrop, photos Jean-Claude Chantelat ![]()
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