Au pied de la célèbre cathédrale Saint-Etienne, joyau gothique niché en plein centre-ville, la paisible « Venise Verte » du Berry règne majestueusement et paisiblement sur ses 164 ha de jardins ; un monde verdoyant et de chemins d’eau qui forme les marais de Bourges. Un territoire d’exception qui se dévoile à qui sait le pénétrer avec respect et s’attache à découvrir son histoire.
Ces jardins étaient jadis terrains marécageux entourant la ville et assurant la défense des Bituriges ; quand les légions romaines vinrent à bout des Gaulois, la cité prit alors le nom d’Avaricum. Enclave insalubre, mais néanmoins importante réserve à poissons pour la population, ces communaux humides dont la ville est contrainte de se défaire au XVIIe siècle sont alors achetées par des jésuites pour les louer à des particuliers. C’est alors que se dessinent les premières parcelles cultivables auxquelles on accédait au moyen de barques à fond plat. La culture des légumes y était florissante et les récoltes étaient mises dans des paniers appelés maniques. Par la suite, ces jardins furent vendus comme biens nationaux et achetés par des particuliers à la Révolution.
La mise en culture s’intensifia alors, permettant aux maraîchers, ou marétiers, d’alimenter en fruits et légumes la ville et les marchés berruyers jusqu’au milieu du XXe siècle. Malheureusement, avec le changement des modes de production et de distribution, la profession s’est éteinte peu à peu pour laisser place, à partir des années 70, à des jardins potagers familiaux et des marais de loisirs. Aujourd’hui, plus de 1 500 jardiniers amateurs se partagent cet espace classée en 2003 Patrimoine Naturel National de l’UNESCO. Début septembre, le week-end le plus proche de la Saint-Fiacre, patron des maraîchers, ce lieu insolite et magique, poumon vert de la cité berruyère, se farde de ses habits de fête à l’occasion d’une très belle et très prisée Fête des marais.