Abeilles sauvages et plantes à fleurs 

100 millions d’années de partenariat ! Il existe près d’un millier d’espèces différentes d’abeilles sauvages, seulement en France. La plupart sont d’actives pollinisatrices des végétaux, y compris ceux dont nous nous alimentons quotidiennement. Mais notre civilisation n’en a cure et, en quelques décennies, nous avons cassé un équilibre qui perdurait depuis le règne des dinosaures. On trouve aujourd’hui dans nos campagnes quantité d’abeilles sauvages généralistes ou spécialisées étroitement liées aux plantes à fleurs. Ces insectes volants ne sont nullement animés par une forme d’altruisme vis-à-vis des fleurs qu’ils visitent en réalité pour leur propre compte ! Les abeilles pompent allègrement le nectar et collectent le pollen, poussées par les seuls besoins primaires que sont leur alimentation et celle de leur descendance. Dans l’affaire, la plante aurait beaucoup à perdre et peu à gagner, hormis l’hypothétique et hasardeux brassage de ses gènes grâce aux quelques grains de pollen qui passeraient d’une fleur à l’autre. Fort heureusement, de savants stratagèmes ont permis aux plantes à fleurs de tirer avantageusement leur épingle du jeu, voire de prendre une revanche sur le clan des hyménoptères qui les exploiteraient autrement sans vergogne. En fait, des stratégies très poussées ont été élaborées de part et d’autre. Exemples… Le pollen de pissenlit est indigeste et n’offre que des protéines débarrassées d’un acide aminé indispensable au régime des abeilles. Le bouton d’or et la vipérine ont incorporé à leur pollen des substances empoisonnées que les abeilles assimilent à très petites doses. Mais à malin, malin et demi : quand des plantes protègent leur trésor au fond de tubes allongés et étroits supposés inaccessibles, alors certaines abeilles déploient une langue d’1 cm équipée de poils à crochets. Si la douce-amère croyait avoir trouvé une solution imparable en protégeant ses grains de vie dans de toutes petites cavités incompatibles avec les peignes et brosses des ouvrières, une parade a été trouvée par des abeilles inventives dont l’astuce consiste à faire vibrer leur puissante musculature alaire à une fréquence qui déloge en pluie la poussière dorée ! D’autres fleurs jouent cependant à fond la carte de la dissémination du pollen par les insectes… mais à leur insu : c’est le cas du genêt et de la sauge. En fait, la compétition que se livrent les plantes à fleurs et les insectes a forcé l’évolution à emprunter des voies originales, à explorer des stratégies différentes dont plantes et abeilles, au final, sortent globalement bénéficiaires, pour ainsi dire à égalité. Les 250 000 plantes à fleurs peuplant la planète ont forgé environ 20 000 espèces d’abeilles généralistes ou variablement spécialisées : bel exemple de foisonnement évolutif dont nous sommes, malheureusement, en train de sacrifier l’avenir.

Reportage Outback Images : Texte et photos Yves Thonnérieux

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