LES NIDS ET LES ŒUFS DES OISEAUX
Les connaître et les reconnaître pour mieux les protéger La notion de territoire est généralement conditionnée par la proximité d’une source de nourriture et la protection contre les prédateurs naturels et c’est bien le cas chez les oiseaux dont on compte en France près de 300 espèces nicheuses. Migratrices ou sédentaires, elles choisissent souvent, le moment venu, un type de site particulier. L’hirondelle rustique ou de fenêtre, le martinet préfèrent la proximité des lieux habités par l’homme, l’autour construira son aire au fond de la forêt, l’aigle royal occupera les pans escarpés des montagnes, l’alouette, le traquet éliront domicile dans les friches… Le choix de l’emplacement revient à l’un ou l’autre des membres du couple. Chez les canards, c’est généralement la femelle qui détermine le site du nid, chez la mésange charbonnière, c’est le mâle qui choisit la mieux appropriée des diverses cavités possibles. Chez le troglodyte encore, le mâle construit plusieurs ébauches, 5 ou 6, et c’est la femelle qui indique la construction qui lui convient. Le souci de sécurité a guidé certaines espèces à nicher en colonies, la multiplicité des observateurs permettant de mieux surveiller l’approche d’un éventuel danger. Ces colonies sont en général peu camouflées ; ce n’est en revanche pas le cas des oiseaux qui nichent isolément et dont les nids doivent être mieux cachés dans leur environnement. Pour d’autres espèces, chez certains rapaces par exemple, les couples auront chacun leur territoire plus ou moins vaste, afin de ne pas se concurrencer dans la recherche des proies. On trouve divers types de nids. Les nids rudimentaires son ceux des espèces nichant au sol sans aucun apprêt, l’inexistence de toute construction liée à un mimétisme parfait des œufs constituant pour ces oiseaux la meilleure des sécurités ; c’est le cas des gravelots, de la bécasse, de l’oedicnème… Les nids en terrier : ce souci de discrétion et de meilleure protection a conduit d’autres espèces à aménager des cavités naturelles, voire à les créer entièrement ; ainsi font le guêpier, le martin-pêcheur, l’hirondelle de rivage… Les nids dans les cavités d’arbres, soit des cavités naturelles adoptées par les chouettes, le rollier, la huppe, le harle, l’étourneau… Seuls les pics creusent eux-mêmes leur futur logis. Les nids aménagés sur le sol et sur l’eau : certaines espèces creusent légèrement une cuvette au sol sommairement aménagée de brindilles et de matériaux divers. Cette plateforme rudimentaire du début peut faire place à une coupe de plus en plus parfaite jusqu’à devenir un nid plus élaboré et douillet ; c’est le cas des plongeons, goélands, busards, alouettes… Sur l’eau, les oiseaux profitent d’un support existant, une touffe de joncs par exemple, ou encore construisent une plateforme flottante ; procèdent ainsi guifettes, foulques, poules d’eau, grèbes… Les nids élevés : afin de mieux se soustraire à leurs ennemis naturels, un certain nombre d’oiseaux établissent leur nid en « altitude », celle-ci variant selon les individus. Dans les buissons et arbustes nichent les fauvettes, le bouvreuil, l’accenteur mouchet… Dans les arbres, certaines grives, le geai, la pie, la corneille… Plus haut encore certains hérons et rapaces, le corbeau freux… Les nids collectifs : par soucis de sécurité et hors contexte concurrence alimentaire, diverses espèces nichent ensemble, en « colonie » ; c’est le cas des sternes, guifettes, mouettes et goélands, cormorans… Selon les espèces, les nids sont plus ou moins élaborés. Pour les espèces « nidifuges », dont les poussins, naissant recouverts de duvet et aux membres parfaitement formés, sont capables de suivre aussitôt leurs parents, les nids sont quasi inexistants. Pour les espèces « nidicoles » en revanche, dont les jeunes naissent nus, aveugles, avec des membres peu développés, les exigences sont plus fortes et les nids doivent avoir des propriétés calorifuges certaines, les poussins pouvant y séjourner plus longtemps. On trouve alors ces petites merveilles que sont les nids du pinson, du chardonneret, du verdier, de la mésange à longue queue… Une fois le couple installé et le nid construit, l’accouplement a lieu et la ponte commence. Les œufs sont généralement de forme… ovoïde. Leur dimension varie selon les espèces et est généralement, cas du coucou mis à part, en rapport avec la taille de l’oiseau. En France, les œufs les plus petits sont ceux du roitelet et de la mésange à longue queue. Leurs couleurs sont elles aussi très diversifiées. Les œufs peuvent être blancs (chouettes, pics, pigeons…) ou pigmentés, cette pigmentation pouvant être uniforme (accenteur mouchet, cormorans, rouge-queues…) ou plus ou moins recouverte de taches, points, zones… de formes et de répartition variables. Cette couleur des œufs peut être constante chez une espèce ou différer ; elle peut même varier d’un individu à l’autre, voire à l'intérieur d’une même ponte. La date des pontes, le nombre des œufs et des pontes varient selon les espèces. Certains rapaces (bondrée apivore, faucon hobereau notamment) planifient leur reproduction en fonction de leur nourriture spécialisée. Les passereaux ont en moyenne 2 couvées par an, voire 3. Les grands oiseaux, les rapaces n’en font en général qu’une seule. Le nombre d’œufs est généralement du même ordre chez une même espèce. Les nids et les œufs de nos compagnons ailés sont gages de leur survie et méritent à ce titre de bénéficier d’une protection totale. Ils constituent une richesse qu’il convient de préserver. Alors, protégeons-les… Encadré CAS DU COUCOU Toutes les caractéristiques précédentes se révèlent inexactes pour le coucou, ce parasite bien connu qui ne fait aucun nid et pond ses œufs dans les nids de diverses espèces. La taille de son œuf n’est absolument pas proportionnée à celle de son corps ; il est beaucoup plus petit… ce qui lui permet d’être déposé plus facilement dans les nids parasités. En outre, la durée d’incubation est plus courte que celle des espèces hôtes , ce qui fait que le petit coucou nait en règle générale plus tôt, évacue les œufs (ou les poussins nouveau-nés) qui sont dans le nid et se retrouve ainsi seul à profiter de la nourriture apportée par ses parents adoptifs.
Bibliographie : « Le Guide vert des oiseaux de France, J.-C. Chantelat, Ed. Solar
Reportage Outback Images – Texte Jean-Claude Chantelat, photos… (selon choix)