Dans les Cévennes…
Les ruches troncs de « L’Arbre aux abeilles »
Dans les Cévennes, renait une tradition antique. Des châtaigniers sont savamment évidés pour loger des essaims d’abeilles noires. Le miel subtil issu de ces ruches troncs laisse sur les papilles une empreinte durable, semblable à aucune autre… celle du terroir. Dans cette contrée montagneuse de Lozère où plane l’ombre de R.L. Stevenson, Chantal et Yves-Elie élèvent des abeilles noires dans des ruches spéciales. Chacune est creusée dans un tronc de châtaigner de la région, comme le pratiquaient les Anciens. Une ruche tronc se réalise en une journée au moyen d’outils anciens et modernes ; la cavité doit être assez vaste pour abriter toute une colonie. La difficulté est de trouver de belles pierres taillées pour coiffer le bois. Ces abris demeurent en place dans des sites propices à la biologie des pollinisateurs, riches d’une flore locale sauvage. Le miel y acquiert une complexité exceptionnelle. Les apiculteurs n’ont eu à déplorer aucune mortalité anormale en 2008 alors qu'elle frappait 30 % des colonies au niveau national. Au creux des vallons - et près de vieilles fermes - subsistent encore des sites abandonnés, connus de quelques rares Anciens. Les promeneurs attentifs peuvent se faire surprendre par ces ruches aux formes improbables, ébouriffées par la nature, mais toujours coiffées de leur lauze grise. Apiculteurs passionnés, Yves-Elie et Chantal ont créé une association (« L’arbre aux abeilles ») pour partager leurs connaissances, aider à restaurer ces pièces aux allures d’œuvres d’art et à les repeupler avec des abeilles. Mais l’évolution des phénomènes climatiques les questionne sur l’avenir de leur métier. Le couple travaille actuellement à la mise sur pied d’un territoire de bien être et de conservation de l’abeille noire. Cette espèce européenne est réputée pour sa résistance, une grande vertu par les temps qui courent. Elle consomme moins de miel et se révèle la mieux adaptée à une apiculture durable, sans transhumance. Du printemps à l’automne, les apiculteurs sillonnent les monts et les vaux pour surveiller leur petit monde ailé. Juste avant l’hiver, les quatre-vingts habitants du dynamique village où ils habitent, Le Pont-de-Montvert, accueillent les visiteurs lors de la Fête de l’abeille noire et des gastronomies traditionnelles et innovantes début novembre (www.ruchetronc.fr). Sortez vos ailes !
Reportage Outback Images - Texte Marise Sargis, photos Yves-Elie Laurent, Marise Sargis, Thierry Vezon