Comme un parfum d'Aubrac
Les narcisses et leur cueillette traditionnelle
Tous les ans, au mois de mai, le petit Olivier, fils d’un agriculteur de Lozère, prend son peigne pour aller cueillir une fleur sauvage bien particulière : le narcisse de l’Aubrac. Il y en a des champs entiers sur le plateau, tellement fleuri qu’on dirait de la neige. Pourquoi un peigne ? Parce qu’on ne récolte que la fleur. Surtout, ne pas déraciner la plante, qui refleurit chaque année, pour le bonheur des agriculteurs locaux. La fleur de narcisse contient en effet un parfum enivrant qui, lorsqu’on le concentre, donne un extrait recherché par l’industrie de la parfumerie. Olivier va donc avoir du travail pendant un mois et se faire un peu d’argent de poche en vendant ses fleurs à l’usine d’Aumont-Aubrac, spécialisée dans la transformation des végétaux aromatiques. Olivier a des concurrents sur le plateau, qui récoltent mécaniquement avec une petite machine équipée d’un grand peigne, qui passe et repasse dans le champ en fleur. Une fois que les quatre sacs de la machine sont remplis (18 kilos chacun), ils sont chargés dans la camionnette qui les portera à l’usine. Cette année, le narcisse est acheté 1,80 euros le kilo. En une matinée, la machine peut récolter 400 kilos de fleurs. Cela permet aux éleveurs de la région d’avoir un complément de revenu, qu’ils pratiquent la récolte manuelle, comme Olivier, ou la récolte mécanisée. L’usine d’Aumont-Aubrac, la SADEV, est la filiale d’une société internationale spécialisée dans la fabrication de parfums et cosmétiques. Son directeur, Christophe Sireyjol, explique qu’il faut 1.500 fleurs de narcisse pour obtenir un kilo d’extrait concentré, que l’on appelle « absolue ».
Reportage Outback Images - Texte Roger Cans, photos Caroline Gaillard, Patrice Géniez, Grégoire Mahler