La plante fourragère, connue depuis l'Antiquité pour ses vertus curatives et tinctoriales, continue d'ennoblir les textiles grâce au savoir-faire d'artisans comme Anette Hardouin. Découverte de cet « or bleu du Pays de Cocagne » !
Les archéologues découvreurs des tombeaux égyptiens ont longtemps gardé l'intense souvenir d'une couleur : celle du bleu des bandelettes des momies parfaitement conservées dans leurs sarcophages. Une teinture obtenue à partir d'une plante, le pastel, aux pouvoirs multiples.
Médicinale, c'est en décoction que les médecins égyptiens l'utilisent dès l'Antiquité pour cicatriser blessures et plaies. Mais ce sont les Maures qui, accostant à Marseille au Moyen-Age, introduisirent la plante dans tout le sud de l'Europe. Au tournant du XVe siècle, les pays du Nord se spécialisent dans la teinture au pastel.
Les feuilles récoltées à l'automne sont écrasées à la meule, pour former une pâte qui, une fois fermentée, sèche plusieurs mois et devient facile à transporter. Le commerce international des pigments pastel est florissant à la Renaissance et est à l’origine de l’appellation « Pays de Cocagne que l’on donne à la région de Toulouse, Carcassonne et Albi, où l’on cultive cet « or bleu » et qui accueille alors les négociants les plus riches. Par la suite, l'indigo importé des Indes plonge la culture du pastel dans le déclin.
Aujourd'hui, à l'heure des colorants de synthèse, des artisans perpétuent l'usage de la teinture pastel. A l'image d'Annette Hardouin, teinturière et créatrice de vêtements, qui avoue être émue à chaque fois qu'elle sort les tissus couleur de ciel de la cuve remplie d'eau et de pigments. Une émotion probablement semblable à celle des premiers archéologues...
Pour célébrer ce produit, diverses manifestations traditionnelles ont lieu chaque année dans la région, telle La Fête de l’or bleu au Pays de Cocagne qui a lieu tous les ans au mois d’août dans le Lauragais.