La fête des jonquilles de Gérardmer, Vosges
Parant d’or au printemps les côteaux de la « perle des Vosges », les jonquilles ont toujours été liées à la vie de Gérardmer. Pas étonnant donc que les Géromois la fêtent fidèlement tous les 2 ans, en avril, par un corso fleuri d’or et de mousse défilant dans les rues de leur ville. Un évènement devenu aujourd’hui cosmopolite, qui réunit habitants, visiteurs et groupes musicaux venus du monde entier et fait ainsi de cette Fête des jonquilles la plus grande fête fleurie de l’est de la France. C’est en 1934 qu’une bande de copains motocyclistes eurent l’idée d’orner leurs machines, du guidon au tan-sad, du garde-boue au rétroviseur, des jaunes fleurettes de saison… ne se doutant pas de l’engouement qu’ils allaient déclencher, débouchant, dès l’année suivante, sur la première Fête des jonquilles. Défilèrent alors, tout habillé de jonquilles, un énorme poisson, une bouteille de champagne géante avec ses coupes, des moulins à vent, œufs de Pâques, cygnes et papillons de toutes sortes. Certaines motos comportaient des échafaudages compliqués, prémices des futurs chars. Aujourd’hui, année après année, c’est tout un monde de bénévoles qui s’affaire dès l’automne pour imaginer ce que seront les futurs chars du défilé suivant et les déguisements portés lors de cette fête. On dessine, on discute, puis on crée, on soude, on cloue, on agrafe, on assemble… un véritable travail d’orfèvre. Les divers éléments des chars sont ensuite revêtus de grillages sur lesquels seront accrochées les jonquilles. Au final, et selon les années, 20 à 30 chars seront ainsi élaborés ; à ce jour, plus de 2 000 chars auront été construits depuis la création de la fête. La touche finale est apportée par les petits élèves des écoles maternelles et primaires du canton qui ont l’honneur de cueillir les fleurs… ce qui n’est pas un mince travail; il faut en effet 2 500 à 3 000 jonquilles par m2 de grillage, soit environ 350 000 fleurs pour un char dit « moyen » ! Si les jonquilles faisaient autrefois, disait-on, le désespoir des paysans de la montagne : « Quand on en cueille une, il en repousse dix ! », elles font incontestablement aujourd’hui la gloire de Gérardmer.
Reportage Outback Images - Texte: Outback Images, photos Anthony Bernard