De fer et de feu,
l'univers incandescent d'un artiste sculpteur
Bruno Goury, artisan forgeron, Nièvre Autrefois, pas de village sans forge et sans forgeron ; personnage central et reconnu de la vie villageoise traditionnelle, il cumulait souvent les fonctions de maréchal-ferrant, ferronnier et taillandier. On se souvient de son tableau de cuir, de la forge aux braises rougeoyantes, de l’odeur du métal surchauffé et du bruit si particulier du marteau sur l’enclume. Des sons qui, au fil des ans, se sont tus… A La Maison-Dieu, petite commune de la Nièvre, un homme continue à faire cracher des cascades d’étincelles à chaque coup de marteau sur le métal rougi. Fils et petit-fils de forgeron, dépositaire d’une tradition familiale, bercé très tôt par le son de l’enclume, Bruno Goury, artiste sculpteur de métal, tout à sa passion de la forge et du métal, perpétue ce savoir-faire. Fort de son expérience en ferronnerie d’art et dans la fabrication de décors de théâtres et de films -notamment pour le film Les visiteurs-, Bruno Goury, maître du feu et du fer, se consacre désormais dans son antre de Vulcain à la création de sculptures en bronze, en acier et en bois. Cet alchimiste sublime la matière, source perpétuelle d’inspiration pour de nouvelles créations, à la fois originales et contemporaines, dont la réalisation est un long cheminement d’opérations ancestrales. L’opération la plus spectaculaire est bel et bien la coulée du bronze. La magie opère dès la fabrication du moule, confectionné selon une méthode traditionnelle africaine avec un mélange de crottin d’âne et terre à poterie appelé banko. Une étape délicate qui demande beaucoup de dextérité et de savoir-faire, une réalisation dont dépend le résultat final et qui doit résister aussi bien à la température du feu que celle du mélange de cuivre et d’étain en fusion. Une fois le métal prêt à être coulé, le creuset est sorti du feu et posé dans le panier; on pourra alors verser d’un jet dans le moule le bronze en fusion qui prendra la place de la cire. L’ultime opération, mais sûrement la plus émouvante, sera le démoulage avec la découverte tant attendue de la pièce, unique, fabriquée à la main.
Reportage Outback Images - Texte Chantal Gonzalez, photos Alain Gaymard