L’art des pépinières viticoles

de la combe de Savoie

Connue pour ses vignes et ses vins, la combe de Savoie l’est aussi, plus secrètement, pour ses pépinières viticoles, une tradition héritée de la fin du XIXe siècle qui consiste à réaliser des plants de vigne résistants aux maladies par greffage et bouturage. Un savoir-faire qui s’exporte.

Entre les premières gelées et les premières pluies, les pépiniéristes doivent faire vite. Arracher les plants de vigne greffés puis les mettre en bottes, direction les chambres froides. Trier ensuite, variété par variété, les plants récoltés.

A Fréterive, entre Albertville et Chambéry, dans un atelier semblable à beaucoup d’autres en ce pays de vignes, la pépiniériste Laurence Fay est à l’ouvrage, entourée de quatre ouvriers silencieux et concentrés. La pièce, éclairée par des vieilles vitres dépolies et un néon blafard, distille une odeur âcre et moite de terre moisie et de calcaire. « On coupe la tige, on vérifie la qualité de la racine et la solidité de la greffe. On a un mois et demie de travail, jusqu’à fin décembre-début janvier », dit la gérante. Les gestes, maintes et maintes fois répétés, sont précis, rapides et méticuleux. A la main, les plants sont inspectés, tordus, taillés au-dessus du bourgeon avant d’être disposés sur un tapis roulant. « Les plants qui ne sont pas bien racinés, on les remet en chambre froide avant de les replanter en pépinière, en mai. » En bout de chaîne, une ouvrière regroupe les tiges retenues en botte, les paraffine avant de les tremper dans l’eau. Direction, à nouveau, la chambre froide, jusqu’au début de l’année suivante.

Ce n’est qu’à cette période que les plants de vigne pourront être vendus auprès des viticulteurs du Sancerrois, de Bourgogne, de Champagne ou de Suisse, donnant, dans quelques années, de jolis ceps.

Reportage Outback Images - Texte Laurent Gannaz, photos…