Dans ce parc national qui longe la frontière entre l’Argentine et le Chili, où l’on accède par Ushuaïa, la ville la plus australe du monde, la nature offre successivement les richesses de la faune marine, facile à observer, et les animaux de la forêt, beaucoup plus discrets.
Du bord de mer, on aperçoit le somptueux panorama de la cordillère enneigée. Sur le rivage grouille une foule d’oiseaux marins comme le cormoran, l’huîtrier pie, un tournepierre local et un gros canard capable d’ouvrir les coquillages les plus durs, que l’on appelle brassemer. On peut observer, à la pointe d’un rocher, un couple d’oies dont le mâle, d’un blanc éclatant, et la femelle, très sombre, n’ont pas l’air d’appartenir à la même espèce. Mais si : ce dimorphisme très marqué appartient à cette oie que l’on appelle ouette marine.
Dans la forêt humide, constituée de trois espèces de hêtres, les arbres portent de longues barbes d’une mousse appelée usnée. Certains présentent de curieux fruits orange qui ressemblent à des clémentines. Ce sont en fait des champignons comestibles que les Indiens mangeaient crus et que l’on appelle aujourd’hui « pain des Indiens ». La forêt est fréquentée par un petit perroquet vert difficile à apercevoir dans le feuillage.
Les cours d’eau sont souvent transformés en marécages par des castors, jadis importés du Canada pour la fourrure. Ces animaux prolifèrent car ils n’ont pas ici de prédateur. Le rapace local est un petit vautour grégaire appelé « caracara », qui joue le rôle d’éboueur comme notre milan noir. On trouve aussi une buse impressionnante et, bien sûr, le condor, qui plane trop haut pour effrayer la petite faune.
Une visite s’impose aussi aux manchots de Magellan, qui se dandinent drôlement avant de rentrer dans leurs terriers. Ils forment de grandes colonies le long du rivage et se laissent facilement approcher. En revanche, les troupes de guanacos, le plus grand camélidé d’Amérique du Sud, gardent leurs distances.