Home / Reportages / Sciences et Nature / A la découverte de l’océan perdu : les roches du massif ophiolitique du Chenaillet 86A la découverte de l’océan perdu : les roches du massif ophiolitique du Chenaillet
Dans le Briançonnais, près de Montgenèvre (Hautes-Alpes), le fond sous-marin immaculé d’un ancien océan, profond de 3 000 m, il y a 150 millions d'années, s’étale sur les sommets du massif du Chenaillet à 2 650 m d’altitude. Spectaculaire ! Et à protéger !
Cette ancienne lithosphère océanique a été charriée directement sur la marge continentale européenne, lors de la convergence des plaques, au Crétacé, voici 65 millions d’années. Ici le plancher marin a subi une sorte de scalp qui a permis de déposer une partie d’un fond océanique intact sur la marge d'un continent, dès le début de la collision. Ainsi sont érigées de spectaculaires formations basaltiques en coussins ("pillow-lavas"), uniques en Europe !
Dans la nappe supérieure du Chenaillet, exempte de métamorphisme et de déformation, la totalité des sédiments océaniques ont été éliminés par l’érosion lors du Quaternaire. Seules subsistent les ophiolites, roches présentant la texture d'écailles de serpent, qui ont été dénudées et portées à l’affleurement sur le fond même de l’océan : serpentinites surmontées de gabbros puis de basaltes en coussins. De telles formations se retrouvent sur le plancher de nos océans actuels à expansion lente, comme l’océan Atlantique.
Les basaltes en coussins, qui forment des boules dont le diamètre est compris entre 0,5 et 1 mètre, dominent largement dans la partie qui regroupe le Collet vert (2 519 m), le Grand Charvia (2 648 m) et le Pied de la falaise du Rocher de l’Aigle (2 534 m). Quant aux gabbros, non-métamorphisés et typiques de ce massif, ils se répartissent de part et d’autre de la Crête du Chenaillet (2 650 m).
Contrairement à la nappe supérieure, la nappe inférieure du Chenaillet contient des sédiments d’origine océanique et de marge continentale. Ainsi, les radiolarites du Rocher de la Perdrix (vers 2 400 m), attestent l’existence révolue d’un océan profond de plusieurs milliers de mètres.
Plusieurs itinéraires de randonnée conduisent, à partir de Montgenèvre ou de Cervières, aux prodigieuses "pillow-lavas" ainsi qu’aux autres témoins de la présence d’un ancien fond océanique sur les sommets des montagnes. Ces parcours impressionnants et passionnants permettent de lire ainsi une page de l’histoire de notre Terre. Mais ce site n’est malheureusement pas protégé et certains randonneurs ne se contentent pas d’admirer. Armés de petits marteaux, ils emportent en « souvenirs » des morceaux de radiolarites, de gabbro non métamorphisé (typique du Chenaillet, assez rare), contribuant ainsi à la dégradation du lieu en laissant des roches détruites… et des tessons de bouteilles !
Reportage Outback Images : Texte Serge Soyez, photos Dominique Soyez
Encadrés prévus : Localisation – Itinéraire d’accès – Durée – Equipement et matériel – Carte IGN – Adresses utiles ![]()
|
||