L’épine est associée à la douleur qu’elle inflige en se plantant dans notre épiderme et, dans notre culture, son symbolisme a pour racines la couronne du Christ humilié sur son chemin de croix. Mais la faune et la flore y ont recours, surtout comme moyen de défense contre diverses formes d’agressions. Découverte d’un sujet… épineux !
Dès les prémices de l’élevage, les hommes ont cherché à s’affranchir du gardiennage permanent des troupeaux en créant des enclos. Les murets de pierres sèches n’étant pas infranchissables, des palissades furent tressées, « haies sèches » ou « haies mortes » ; mais ce sont les « haies vives », souvent à base d’arbustes épineux, qui se révélèrent suffisamment hermétiques pour enfermer le bétail dans des enceintes, à l’air libre, créant la structure du bocage. L’invention du fil de fer barbelé, simple transposition moderne des épines végétales, ne se fera qu’à la fin du 19e siècle.
La haie épineuse est plébiscitée par nombre de petits animaux auxquels son réseau de piquants assure un couvert protecteur pour nidifier ; et la pie-grièche y empale ses proies en surplus pour les déguster par la suite. Les vedettes épineuses de la haie vive sont le roncier, l’épine rose (le rosier sauvage ou églantier), l’épine noire (le prunellier) et l’épine blanche (l’aubépine).
Longue est la liste des plantes, arbres et arbustes épineux s’affranchissant du paysage bocager. Citons l’épine-vinette, le framboisier, l’ajonc, le genêt-scorpion, l’argousier, le robinier faux-acacia, les chardons, la cardère, le houx, le figuier de Barbarie, le chêne-vert, les bogues du châtaignier, le pyracantha de nos jardins… Dans ce catalogue des plantes épineuses, il convient de distinguer porteurs d’aiguillons et fabricants d’épines vraies. L’aiguillon est une excroissance acérée d’origine épidermique qui peut se détacher sans que la tige support soit endommagée (cas du rosier) ; l’épine véritable fait corps avec un organe de la plante (cas du robinier).
Dépourvues de mobilité, les plantes ont plus largement recours aux aiguillons et aux épines que les animaux fuyant un danger. Il n’est donc pas étonnant que les animaux épineux soient moins fréquents… Mais la nature offre de fameux contre-exemples : le hérisson quasiment invulnérable sous ses herses de piques serrées ; les oursins et leur armure hérissée de piquants qui rebutent les poissons ; certaines de nos chenilles se déguisant en rameaux épineux pour déstabiliser les oiseaux ; tout comme le poisson-chat et les trois épines de ses nageoires déployées, cauchemar des pêcheurs à la ligne ; ou encore les raies et les vives munies d’aiguillons et de dards inoculateurs de venin quand on les dérange…
Texte et photos Yves Thonnérieux – Outback Images
Attention au tétanos !
Le tétanos est une infection causée par un bacille largement représenté dans le tube digestif des animaux et qui persiste dans la nature sous forme de spores résistantes aux intempéries. Une des portes d’entrée de cette maladie mortelle se trouve potentiellement dans votre jardin, via les petits « bobos » occasionnés en particulier par les épines, de votre haie de pyracantha par exemple. Il ne faut pas négliger les rappels de la vaccination antitétanique qui sont recommandés chez l’adulte aux âges de 25, 45 et 65 ans, puis tous les 10 ans par la suite.