Home / Reportages / Les richesses de nos régions / Safranière en Ubaye... ou le safran dans la peau 72Safranière en Ubaye... ou le safran dans la peau Au moyen âge, le safran était cultivé partout pour colorer le tissu. Plus personne aujourd’hui n’a le courage de se frotter à ce long, très long, et minutieux travail. Personne, sauf Carole. A Meyronnes, dans les Alpes-de-Haute-Provence, elle s’attèle à cette tâche d’autant plus rude que la récolte se fait parfois sous la neige. En outre, son safran d’altitude, qui emmagasine juste assez de chaleur, ne se développe pas énormément ; il lui faut donc plus de fleurs que les autres safraniers pour concocter le précieux trésor. Qu’à cela ne tienne, Carole vit sa passion du safran avec un bonheur communicatif. Rencontre. Du cœur et du cerveau : elle a les idées qui fusent, Carole, et elle y croit, s’y accroche, réussissant là où on la voyait perdre ; pensez donc, une jolie fille maquillée qui se lance dans l’agriculture ! Sans aide motorisée ni produits, la belle brune poursuit son petit bonhomme de chemin tranquillement, sans bruit et sans fureur, tout en douceur, exquise et délicate comme le safran. En Ubaye, cette magnifique vallée des Alpes du Sud, la culture du safran est décalée et c’est en été que Carole, qui cultive certainement la plus haute safranière de France, plante ses 10 000 bulbes sur une parcelle qui culmine à 1 600 m d’altitude. Elle y travaille toute l’année. Erigeant une clôture contre sangliers et chevreuils venus débusquer les oignons enfouis à 20 cm de profondeur. Installant des grillages sous la terre contre les campagnols convoitant eux aussi son trésor. Plantant vers la fin juillet, les pluies d’automne venant réveiller la fleur. Ramassant en octobre-novembre, parfois sous la neige. Se préparant pour l’émondage, l’extraction du pistil sous la fleur ; à cette altitude, il lui faut 220 fleurs de crocus pour faire 1 g de safran ! Séchant ces pistils à basse température… Tout doit être fait en une seule journée, cueillette, émondage, séchage, sinon tout est perdu. Mais le safran n’est pas la seule tasse de thé de Carole ; églantine, sureau, reine des prés, pissenlit, bourgeons de sapin, verveine… prennent vie sous forme de compotées, sablés, meringues, sorbets, sirops, pétillants ou confitures, autant de produits qui réjouissent autant les pupilles que les papilles. A acquérir ou déguster dans sa boutique-boudoir où tout est beau et alléchant, 7 jours sur 7 en juillet-août. Les gourmands peuvent même rester 1 semaine sur place dans une yourte installée sur le domaine ! « J’ai envie que les gens repartent avec une expérience en tête, des sensations. Qu’ils utilisent la douche solaire avec toute la montagne devant leurs yeux… ». Carole et le safran, une histoire à la vie, à l’amour ». Texte Myriam CORNU – Photos : Bertrand BODIN
© Outback Images : Photos Bertrand Bodin - Texte Myriam Cornu
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