Niché au cœur du Berry, entre les forêts de Sologne et les vignobles du Sancerrois et de Mennetou, le petit village de La Borne, dans le Cher, a été de tous temps une étape incontournable pour les amateurs d’art, de poterie et de céramique. Après un âge d’or au cours duquel on ne compta pas moins de 83 artisans potiers… pour 739 habitants, un déclin provoqué par les matériaux nouveaux tels que le fer galvanisé, La Borne développe aujourd’hui une nouvelle poterie qui se développe et s’affirme. Car les potiers bornois, qui ont l’esprit vif et la glaise tenace, ont toujours ressenti le besoin d’exercer leur verve, leur malice, leur humeur joyeuse. Leur histoire est édifiante.
L’implantation de la poterie à La Borne, petit hameau qui faisait autrefois partie de la Principauté Souveraine de Boisbelle, enclavée en Berry, est sans aucun doute très ancienne. On a trouvé des pièces vernissées provenant de la région datables du début du 12e siècle et les premières traces écrites connues remontent à avril 1260, texte mentionnant le chemin d’Achères à la poterie, et 1303, dans un testament citant les poteries situées entre Achères et Mennetou-Salon.
Le grès apparait à la fin du 15e siècle et, grâce à l’exploitation de ses ressources naturelles –le hameau est situé sur un important filon de grès- et à l’adoption de nouvelles techniques de cuisson (à 1200°C), La Borne devient alors un important centre de création de poteries ; on dénombrait, en 1707, 19 chefs de famille potiers sur 278 habitants. Au cours du 19e siècle, la poterie affirme sa prospérité ; ses produits à usage domestiques et fermiers sont vendus dans toutes les régions d’élevage. Puis arrive le déclin au cours des années 20 avec le dépeuplement des campagnes et la concurrence du fer galvanisé, moins lourds, moins fragiles, moins chers. Malgré quelques efforts, la poterie bornoise ne parvient pas à se moderniser et périclite. Mais au contraire de nombreux autres villages potiers, les potiers de La Borne renaissent de leurs cendres, leurs produits deviennent Art, leur rayonnement s’internationalise et leurs rues se repeuplent. Ils ont su à merveille adapter la glaise à leur fantaisie.
Situé le long de la Route Jacques Cœur, à proximité de Mennetou-Salon et de Sancerre et leurs vins réputés, de Chavignoles et son délicieux « crotin » de chèvre, et de Bourges, cette si belle et bonne ville de notre roi Louis XI, La Borne, ses potiers, leurs ateliers et leurs démonstrations de la cuisson au bois et de l’enfumage, et ses musées (Histoire, Tradition) , méritent que l’on s’y arrête*.
* Voir également reportage La « cathédrale » Jean Linard, à La Borne
Reportage Outback Images : Texte et photos Alain Gaymard