Ses brins ont envahi le salon, la chambre d'amis, le garage. Sagement rangés sur un drap, un matelas, ou déposés en vrac, sur le sol. C'est l'été, période clé pour la cueillette du génépi, et la maison de Marie-Noëlle Binet et de Bruno Gonon est toute entière dédiée à cette armoise précieuse. Depuis plus de dix ans, le couple cultive le génépi sur les hauteurs du Gapençais (Hautes-Alpes). Cette activité vient complémenter leurs professions respectives : Bruno est accompagnateur en montagne, et Marie-Noëlle étudie en tant que biologiste... les plantes de montagne. A la recherche de « quelque chose d'original pour combler l'inactivité des inter-saisons » et « pour le plaisir de participer au mythe », ils se sont lancés, comme des pionniers, dans l'aventure. Passionnée, toute la famille, jusqu'à leur fils de 12 ans Louis, se mobilise pour apprivoiser cette plante sauvage.
Aujourd'hui, les Gonon cultivent quelque 1000 m² d'une terre d'altitude et récoltent entre le 15 et le 30 juillet, de 100 à 150 kg de génépi frais.
Une partie de la récolte, ramassée en vrac comme du foin, servira à fabriquer des liqueurs, quand les brins restants, méticuleusement triés, finiront dans des sachets délicats de 5 g.
Histoire de vie, histoire de plante, de montagne... l'article raconte le parcours de cette famille entreprenante. Culture, cueillette, caractéristiques, dénomination, produits dérivés (sorbets, confitures, boissons, plats cuisinés...), il dévoile les secrets de l'artemisia spicata, plante « mythique, capricieuse et attachante » dont la saveur délicieusement âpre transporte vers la haute montagne